Où que nous regardions dans la nature, toute chose existe avec son opposé ou son complément. Si la nature a horreur du vide, elle a surtout horreur du monopole. Par définition, notre univers est complexe et tout système qui tend vers l’unité finit par disparaître au profit d’un retour à la complexité dans une logique de balancier.

Si nous observons le monde financier, tant local que mondial, on constate qu’il s’unifie de jour en jour. La corporation des professionnels de la finance devient ainsi l’unique interlocuteur des travailleurs, producteurs et autres marchands. Cette monoculture financière n’est pas sans risque pour le travail. Nous sommes ainsi soumis aux aléas des crises, inflations et autres disfonctionnements de ce marché. La pluralité des réseaux transactionnels devrait nourrir la sphère des échanges et donner ainsi un équilibre qui assurerait une pérennité à l’humanité.

« Cela me rappelle la Loi d'Illich en Annexe 1. Elle dit que tous les systèmes atteignent leur taille critique avant d’être remplacés par de nouvelles formes. Ce n’est qu’une question de temps et de patience. »

Pour qu’une organisation nouvelle puisse s’implanter durablement et favoriser un écosystème financier, il faudrait que les candidats à son développement prennent conscience du temps nécessaire. Demandez à n’importe quel chef d’entreprise, il vous dira qu’il court et qu’il n’a aucune possibilité de ralentir. Un enfant de 4 ans sait pourtant que pour changer de direction, lorsqu’on s’est trompé de route, il faut s’arrêter et faire demi-tour. Toute nouveauté passe par une phase d’apprentissage qui prend du temps et permet de tester les erreurs et les ajustements. Cela s’applique aux machines, mais aussi aux réseaux de la finance alternative.

Nous allons envisager dans les chapitres suivants une proposition de système financier alternatif. Certains pourront penser qu’il s’agit d’une utopie. Ce système est viable et les tests en marché se sont révélés positifs et encourageants. Commençons par faire un état des lieux du système actuel et nous envisagerons ensuite cette nouvelle proposition.