Ilyana Kuziemko (Princeton) et Michael I. Norton (Harvard) sont deux économistes d'universités américaines de renom. Ils se sont posé la question suivante : « Pourquoi les pauvres votent-ils contre leurs intérêts ? » Ils ont donc mené leur enquête et fait des travaux afin de comprendre ce qui pouvait bien pousser un citoyen modeste à agir contre lui-même, à commencer par le vote contre ses intérêts ?

Leur constat est inquiétant. Surtout lorsqu’on lit : « Si l’on aide les plus pauvres, alors c’est moi qui vais me retrouver tout en bas ». Ils ont donc conclu que la peur d'être le dernier pousse les gens modestes à tout faire pour être avant-dernier.

Pour le magazine : « Alternatives Internationales[1] », l'historien américain, Michael C. Behrent dans son blog affirme qu’une perspective marxiste insisterait sur l’hégémonie idéologique de la classe dominante et la « fausse conscience » des classes populaires. Ceux qui s’inspirent de Thorstein Veblen privilégient plutôt la disposition des classes populaires à imiter la « classe de loisir », notamment sa « consommation ostentatoire », plutôt que de s’identifier à leurs semblables. Les deux économistes prétendent que le caractère déterminant de la peur de la dernière place augmente à mesure que le revenu diminue et que cette dernière place se fait plus proche. 

Ce modèle n’explique pas à lui seul, selon I. Kuziemko et M.I. Norton, les raisons pour lesquelles des populations à moyen ou bas revenu votent contre leurs intérêts économiques. Ils évoquent aussi le fait que les Américains évaluent mal la réalité des inégalités actuelles, estimant en moyenne la part de la richesse détenue par les 20 % des Américains les plus riches à 59 %, quand en réalité elle est de 85 %. À l’inverse, ils surestiment largement leurs chances de mobilité sociale ascendante. (Suite dans le livre...)



[1] https://tinyurl.com/pauvresvotentcontreeux