Rien ne prédisposait Cyril Northcote Parkinson[1] à inventer sa loi. Durant sa carrière, il fut écrivain d'une soixantaine d'ouvrages, professeur à l'Université de Californie, officier à l'état-major général pendant la deuxième guerre mondiale. C'est en 1955 qu'il rédige un article qu'il envoie à la revue The Economist. Les neuf autres articles qui paraitront constitueront l'ouvrage : « Les lois de Parkinson[2] ». Cette loi le rendra célèbre. Elle énonce la règle suivante : « Le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ». Son principe est assez similaire à la loi physique qui énonce : « Qu’un gaz occupe tout le volume qui lui est offert. Il est expansible ».

Il profita de ses observations dans l'administration britannique. C’est là qu’il constata que les effectifs s'étendaient tel le gaz, et ce, quelle que soit la masse de travail à produire. C'est ainsi que dépendant de la quantité des effectifs, les structures de travail se complexifiaient pour occuper les groupes humains dans leur intégralité. 

De manière très pratique, il observa que l'efficacité des structures réduisait proportionnellement à leur croissance numérique. C'est ainsi qu'une tâche simple devenait de plus en plus complexe avec le gonflement de la structure de travail.

« Je trouve ce principe intéressant dans son application contraire. Car si chacun de nous s’étale dans le temps lorsque nous avons un délai d’exécution, cela signifie immanquablement qu’on peut le contracter. Ma question est : quel est le point de rupture de cette contraction ?

 Imaginons qu’on vous donne 6 mois pour préparer un examen. Vous pourriez peut-être réduire le délai à 3 mois avec le même résultat final. Mais ensuite, à 2 mois… 1 mois… peut-être 15 jours. Quel est le point d’équilibre, mais aussi, quel est le point de basculement ? »

Cette expérience nous éclaire aujourd'hui sur l'importance des petits groupes de travail et surtout, sur la nécessité de fixer des délais courts pour des tâches décomposées. En clair, un groupe de 100 personnes mettra toujours plus de temps à réaliser le même travail que 10 équipes de 10 personnes. Cette règle peut aussi s'appliquer au projet lui-même. Un dossier de 100 pages sera toujours plus long à traiter par une équipe, que 10 dossiers de 10 pages par le même groupe. D'où l'importance d'équipes réduites et soudées, travaillant avec des rétro-plannings. (Suite dans le livre...)

 

[1] (Né le 30 juillet 1909 à Barnard Castle - Royaume-Uni et mort le 9 mars 1993 à Canterbury - Royaume-Uni)

[2] « Les lois de Parkinson » Paris, Editions R. Laffont, 1983 (ISBN 2-221-01173-2)