9°- Acceptation du progrès technologique sensé et harmonieux

Nos grands parents avaient coutume de dire que c’était mieux avant, que le progrès a tout gâché et que rien ne va bien. Il serait plus sage de reconnaitre que le progrès nous a libéré de lourdes contraintes physiques et horaires. Nous avons gagné non seulement en productivité, mais aussi et surtout en qualité. La science permet d’entrevoir un avenir qui pourrait nous affranchir de certaines maladies ou de certains virus. Nous pourrions imaginer que la technologie embarquée (sur l’humain évidement), pourrait permettre d’anticiper bien des maux et autres drames. La terre perd chaque année 1,2 million habitants pour cause d’accidents de la route. Les véhicules autoguidés des vingt prochaines années seront aussi sécures que nos ascenseurs. Nous allons vivre une période intense de progrès du côté des neurosciences et nous avons encore peine à entrevoir tous les débouchés tant cela va impacter notre vie quotidienne. Ce n’est pas sans poser quelques problèmes de taille. Par exemple, qu’en est-il  du travail ? Notre conception du travail devra être repensée. Définie au XIXème siècle, elle est devenue relativement obsolète. Notre rapport à l’argent/travail va également subir de profondes mutations. Le problème de base de tout ce bouleversement réside dans les structures de contrôle de tous ces systèmes. Quisera en mesure de vous tracer grâce aux puces RFID[1] qui s’implantent par milliers sous nos épidermes lors de soirée ludiques intitulées « Implant party » ? Qui pourra à tout moment connaitre la fréquence de nos rapports sexuels grâce aux divers capteurs greffés dans nos organes ? Quelle entreprise pourra, si elle le souhaite, accéder à notre dossier médical, ou pourquoi-pas, consulter notre patrimoine génétique avant de nous accorder un prêt financier ? Tout ceci pose de graves questions éthiques et promettent de longues discussions législatives. Il faudra bien définir un cadre juridique pour poser des règles précises, durables et respectueuses.

Alors, l’« Alkémien » dans tout cela ? Il ne refuse pas ce progrès, car se serait se couper des potentialités à venir. Son action se situe sur le plan éthique et moral. Lorsque Google agit activement en ce domaine et de manière libérale et débridée, des acteurs comme Joël de Rosnay œuvrent avec plus de sagesse. Il prédit l'émergence d'une « intelligence collective augmentée » qui va engendrer un hyperhumanisme, préférable selon lui au cauchemar transhumaniste de la Silicon Valley[2]. Le challenge du futur ne sera pas forcément technologique. Il se situera davantage sur le terrain de la sagesse, car il convient dès maintenant d’agir sur ce terrain. Or, peu de sociétés se dotent de « sages » pour tempérer les ardeurs de chercheurs en compétition pour le prochain Nobel ou simplement pour le financement de leur laboratoire. Si nous ne savons pas être prudents, nous donnerons raison à A. Einstein qui disait : « Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre mondiale, mais je sais comment on fera la quatrième : avec des bâtons et des pierres. »