Il semble aujourd’hui tout naturel à chacun que les femmes ont autant le droit de fumer que les hommes. Cela n’a pas toujours été le cas. Il fut une époque où la moitié de la population américaine ne fumait pas. Face à cette profonde injustice… financière, en 1929, George Hill, le Président de l’American Tobacco Corporation (Lucky Strike) fit appel à un maître dans l’art d’influencer les foules. Il confia à Edward L. Bernays[1], le neveu de Sigmund Freud le soin de régler ce problème.

S'appuyant sur les travaux du psychanalyste Abraham Arden Brill[2] qui affirmait que la cigarette représentait inconsciemment un symbole phallique pour la femme, il organisa le 1er avril 1929 sur la cinquième avenue à New-York, une manifestation. Il fit intervenir dans le cortège des starlettes de l’époque portant à la main un très long porte cigarette fumant. Les journalistes curieux en demandèrent la raison. Toutes en cœurs, elles témoignaient ainsi leur indépendance et leur émancipation par l'usage du tabac en public. Elles revendiquaient, à l'image de la statue de la liberté, leur provocation et leur désir d’autonomie. Elles affirmaient que « Les torches de la liberté » étaient leur symbole. On connait la suite de l’histoire.

L’année précédente en 1928, Bernays sortit son livre de référence intitulé « Propaganda[3] ». Un de ses maîtres à penser est l’intellectuel américain Walter Lippmann[4], le père de la : « fabrique du consentement ». Il étudia et associa les idées de Gustave Le Bon[5] sur la psychologie des foules, puis celles de Wilfred Trotter[6] sur la psychologie sociale, et enfin celles de son oncle S. Freud sur la psychanalyse. Il fut ainsi le pionnier dans l’art de manipuler l’inconscient pour persuader l'opinion publique. Son slogan se résume à : « Ne pas supplier le client d'acheter votre produit, mais l'amener à vous supplier de le lui vendre ». (Suite dans le livre...)



[1] (Né à Vienne - Autriche le 22 novembre 1891 et mort à Cambridge - Massachusetts) Publicitaire austro-américain. Il est considéré comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l'industrie des relations publiques, ainsi que du consumérisme américain.

[2] (Né le 12 octobre 1874 à Kanczugv -Autriche et mort le 2 mars 1948 à New York) Psychiatre et psychanalyste américain. Il est le fondateur, en 1911, de la New York Psychoanalytic Society.

[3] Les chapitres un à six abordent la relation complexe entre la psychologie humaine, la démocratie et les sociétés. La thèse de Bernays est que des personnes « invisibles » qui créent le savoir ordinaire, le sens commun, au moyen de la propagande, dominent les masses avec le pouvoir de façonner les pensées, les valeurs et la réponse citoyenne ; « l'ingénierie du consentement » des masses serait vitale pour la survie de la démocratie. (Source Wikipedia)

[4] (Né le 23 septembre 1889 à New York aux États-Unis et mort le 14 décembre 1974 dans la même ville) Intellectuel, écrivain, journaliste et polémiste américain. Il fut journaliste au New Republic, au World, au New York Herald Tribune où il tint une colonne syndiquée, Today and Tomorrow, et à Newsweek. Il a contribué à populariser le terme de « guerre froide » (qu’il employa pour la première fois en 1947) et l'expression « fabrique du consentement » — qu'il utilisa en 1922.

[5] (Né le 7 mai 1841 à Nogent-le-Rotrou et mort le 14 décembre 19311 à Marnes-la-Coquette) Médecin, anthropologue, psychologue social et sociologue français.

[6] (Né le 3 novembre 1872 à Coleford - Gloucestershire et mort le 25 novembre 1939 à Blackmoor) Pionniers de la neurochirurgie, également connu pour ses travaux sur la psychologie sociale.